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“Sa, dottore, che oggi è l’ultima volta che sono qui?”

“Savez-vous, docteur,que je suis là aujourd’hui pour la dernière fois?”

di Melissa Di Carlo

 

Dora, pseudonimo di Ida Bauer, è una diciottenne viennese che incontra il dott. Sigmund Freud nell’ottobre del 1900. È accompagnata da suo padre, Philip Bauer. Sotto suo consiglio o, per meglio dire, sotto sua imposizione, Dora accetta di incontrare Freud. La cura si interrompe bruscamente dopo undici settimane di trattamento e la paziente lo annuncia nel modo seguente: “Sa dottore, che oggi sono qui per l’ultima volta? “1

Questa affermazione segna la fine improvvisa della cura ma consente anche a Freud di mettere in discussione le cause di questa interruzione e il ruolo che vi svolge l’analista. Il caso di Dora è di estrema importanza per la psicoanalisi: testimonia la nascita della cura psicoanalitica in senso stretto e evidenzia il ruolo del transfert e della sua influenza nel trattamento analitico.

In effetti, l’analisi di Dora viene svolta in modo diverso rispetto a quella dei pazienti precedenti. Dora è la prima persona con la quale Freud non usa la pratica dell’ipnosi, concentrandosi piuttosto sull’interpretazione dei sogni e l’associazione libera : il soggetto sceglie “l’argomento del suo lavoro”; l’analista non cerca più di guidare le sue parole ma lascia semplicemente parlare il paziente. In tal modo, i confini della pratica psicoanalitica diventano sempre più definiti : la cura si focalizza sul valore delle parole del paziente e, in particolare, su ciò che rende il suo discorso fondamentalmente singolare.

Questo nuovo approccio porta Freud a sperimentare il transfert e il ruolo che vi svolge l’analista. Il caso di Dora e, in particolare, il modo in cui la cura è stata sospesa, gli permette di avanzare considerevolmente nell’elaborazione della teoria psicoanalitica del transfert.

Il transfert fu scoperto alcuni anni prima, nel 1895, negli Studi sull’isteria2. A quel tempo Freud lo considerava come uno spostamento dell’affetto da una rappresentazione all’altra ma non ancora come una componente indispensabile della relazione terapeutica. È proprio l’incontro con Dora, attraverso la sperimentazione del transfert e degli effetti che esso produce sulla cura, che conduce Freud a riprendere e ridefinire tale concetto. Nello specifico, Freud si imbatte su ciò che chiamerà nel 1912 il “transfert negativo”3 e che indicherà come uno dei motivi principali della fine della cura. Ancora oggi il caso Dora resta un elemento fondamentale della teoria psicoanalitica. Non tanto per il transfert in sé ma piuttosto per la scoperta della sua dimensione centrale nella cura analitica.

Nello studio dei casi clinici, Freud giunge dunque alla definizione del transfert come del “più grande ostacolo alla psicoanalisi”4 ma allo stesso tempo come di un elemento inevitabile della cura, come l’aspetto fondamentale che determina la cura in sé. Tempo dopo, affermerà che “un’analisi senza transfert è un impossibilità”5.

Tutto cio’ denota il grande ingegno di Freud, la sua capacità di utilizzare il “fallimento” della cura di Dora per trasformarlo in qualcosa d’altro. Il fallimento può essere dunque considerato come la cosa più preziosa di una cura, sia per l’analizzante che per lo psicoanalista. Questo tipo di approccio permette di considerare il fallimento, il ratage, come ciò che rende possibile l’accesso a nuovi orizzonti, ciò che permette di accogliere un discorso nuovo.

1 Frase pronunciata il 31 dicembre 1899

2 Freud S., Breuer J., Études de l’hystérie, 1985, PUF, 2000.

3 Freud S., « Sur la dynamique du transfert », 1912, dans La technique psychanalytique, Quadrige PUF, 2013.

4 Freud S., Cinq psychanalyses, 1935, PUF, Paris, 2014, p.88.

5 Freud S., Ma vie et la psychanalyse, 1925, Gallimard, Paris, 1981, p.53.

 

 

Dora, pseudonyme d’Ida Bauer, est une jeune fille viennoise de dix-huit ans qui fait la rencontre du Docteur Sigmund Freud en octobre 1900. Elle est alors accompagnée de son père, Philip Bauer. Sur le conseil de ce dernier ou, pour mieux dire, sur son injonction, Dora accepte de rencontrer Freud. La cure s’interrompt brusquement après onze semaines de traitement et la patiente l’énonce ainsi : « Savez-vous, docteur, que je suis là aujourd’hui pour la dernière fois ? »1

Cette déclaration signe la fin soudaine de la cure, mais elle permet aussi à Freud de s’interroger sur les causes de cette interruption et sur le rôle joué par l’analyste. Le cas Dora est d’une extrême importance pour la psychanalyse : il témoigne de la naissance de la cure psychanalytique à proprement parler et met à découvert le rôle du transfert et de son influence au sein du traitement analytique.

L’analyse de Dora opère de manière différente par rapport à la cure des patients précédents. Dora est la première patiente avec qui Freud n’utilise pas la pratique de l’hypnose. À partir de ce moment, il se concentre sur l’interprétation des rêves et sur l’association libre. Il laisse le sujet choisir le « thème de son travail ». Il ne tente plus d’orienter sa parole. Il laisse parler le sujet. La pratique psychanalytique se précise de plus en plus : elle se focalise sur la valeur de la parole du malade et, plus particulièrement, sur ce qui rend cette parole fondamentalement singulière.

Cette nouvelle approche de la cure conduit Freud à faire l’expérience du transfert et du rôle joué par l’analyste. Le cas Dora, et surtout la manière avec laquelle l’analyse a été stoppée, a permis à Freud d’avancer considérablement dans l’élaboration de la théorie psychanalytique du transfert.

Le transfert a été découvert quelques années auparavant, en 1895, dans les Études sur l’hystérie2. À ce moment, Freud l’entrevoyait comme un déplacement de l’affect d’une représentation à une autre, mais pas encore comme une composante de la relation thérapeutique. C’est à l’occasion de l’analyse avec Dora qu’il fait véritablement l’expérience du transfert. Plus précisément, il se trouve confronté à ce qu’il appellera, en 1912, le « transfert négatif »3, et qu’il indique comme une des motivations principales de la fin de la cure. Encore aujourd’hui, le cas Dora reste un pivot de la théorie psychanalytique. Cela n’est pas tant pour le transfert en soi, mais plutôt pour la découverte de sa dimension centrale dans la cure analytique.

Freud finit donc par définir le transfert comme « le plus grand obstacle à la psychanalyse »4, mais en même temps comme un élément indépassable de la cure, comme un aspect fondamental qui définit la cure en elle-même. Bien plus tard, il affirmera que : « une analyse sans transfert est une impossibilité »5.

Tout cela dénote le grand génie de Freud, sa capacité de mettre à profit le « ratage » de l’analyse de Dora pour le transformer en autre chose. Le ratage peut donc être considéré comme ce qu’il y a de plus précieux dans une cure, pour l’analysant comme pour le psychanalyste. Ce type d’approche permet d’aborder le ratage comme ce qui rend possible l’accès à des nouveaux horizons, ce qui permet d’accueillir un discours nouveau.

1 Phrase prononcée le 31 décembre 1899

2 Freud S., Breuer J., Études de l’hystérie, 1985, PUF, 2000.

3 Freud S., « Sur la dynamique du transfert », 1912, dans La technique psychanalytique, Quadrige PUF, 2013.

4 Freud S., Cinq psychanalyses, 1935, PUF, Paris, 2014, p.88.

5 Freud S., Ma vie et la psychanalyse, 1925, Gallimard, Paris, 1981, p.53.